Les effets du bruit sur le sommeil
Contrairement à l’œil, l’oreille n’a pas de paupière, ce qui la laisse fort dépourvue face aux agressions sonores de toute espèce. La situation est d’autant plus tendue quand le bruit survient pendant le sommeil. En effet, afin de mener à bien l’ensemble des fonctions complexes sous-tendues par le sommeil, le cerveau réduit les interactions avec l’extérieur qui sont considérées comme des parasites. Tout bruit est donc interprété comme un signal d’alerte et va entrainer un allègement du sommeil ou un éveil. Bien entendu l’intensité du bruit compte. Il faut environ 35 Décibels de plus pour réveiller un dormeur que pour faire réagir un sujet éveillé. Mais ce n’est pas le seul paramètre.
Face à ces agressions sonores, le sommeil va alors être haché menu et devenir nettement moins récupérateur. Il arrive que l’on ne perçoive pas consciemment le son responsable des éveils et que l’on n’ait conscience que des éveils eux-mêmes. Les patients consultent alors pour une insomnie, mais dorment très bien au laboratoire de sommeil qui est insonorisé.
Les sources courantes de bruit pendant la nuit
Il faut savoir que plus un bruit est impulsif, plus il est gênant. Ainsi un bruit dont l’intensité monte et descend très vite est plus perturbateur qu’un bruit de même intensité qui s’établit et disparait plus lentement. On peut illustrer la situation en pensant aux bruits des automobiles qui sont nettement plus gênants si elle passe très vite à proximité, alors qu’on les perçoit nettement moins si elles passent lentement.
Une autre caractéristique se révèle aussi très importante : la différence d’intensité entre le bruit perturbateur et le bruit de fond. Ainsi un coq qui chante au petit matin dans le silence de la campagne va réveiller tous les touristes qui vont alors développer des pulsions homicides. Le même coq posté au centre de la place de la concorde à midi aura toutes les peines du monde à attirer l’attention de ces mêmes touristes. C’est pour cela que l’on a parfois du mal à s’acclimater au silence de fond de son lieu de vacances, car il est souvent peuplé de bruits modérés, mais qui se détachent bien de l’ambiance sonore générale. De ce fait, on va souvent dormir mieux au bord de la mer, dont le bruit du ressac va absorber les bruits parasites.
Le bruit comporte aussi une composante émotionnelle. On va bien tolérer un bruit modéré et sans signification particulière. Cependant, le bruit des talons de la voisine du dessus est très mal accepté. Certains sons ont aussi des valeurs d’alerte (pleurs d’enfants, ronflements du conjoint, klaxons de voiture, alarme de maison …) et vont éveiller même s’ils ne sont pas intenses. On a même montré que si on appelle un dormeur par son prénom il se réveille plus facilement que si on utilise un autre mot à la même intensité.